• Mais sa question n'obtint jamais de réponse.
    Il s'effondra, ainsi qu'Alpha et que les plus influents et gradés des robots.

    Un minuscule robot se précipita sur lui, suivi de deux traînées enflammées. Le premier robot se pencha sur Alpha, arracha son masque. Annah se couvrit la bouche des deux mains.

    Sous la plaque blanche, Alpha était humain. Il respirait mal, appelant l'air, la bouche grande ouverte.
    Erwann ne respirait déjà presque plus... La jeune humaine se précipita sur lui, commença à essayer de le ranimer.

    Un homme encapuchonné de noir émergea de la foule qui s'agitait -les robots commençaient à se tenir la tête, personne n'attaquait, et la respiration de ceux qui s'étaient écroulés était de plus en plus saccadée et irrégulière.
    L'homme encapuchonné passa dans les rangs des robots, arrachant les masques de leurs visages. Ceux qui n'avaient plus la plaque blanche sur la figure se mirent à enlever celles des autres -en dessous, ils avaient tous figure humaine.

    Alpha essayait de parler. Le premier robot lui dit de se taire. Annah pleurait sur Erwann, elle n'entendait plus son cœur.
    Un silence de mort s'installa, seulement percé par des pleurs et des chuchotis.

    Un silence d'après la bataille, un silence qu'on pouvait couper au couteau, un silence glaçant, funeste, un silence mauvais. Un silence stressant, horrible, angoissant, qui égrenait les secondes comme si elles étaient des heures, qui traînait en longueur...

    Au bout de quelques instants, une femme sortit et se dirigea sur l'un des cyborgs. Elle le regarda longtemps. Il avait le visage jeune et la regardait aussi...

    -Mon fils!

    Le silence marquerait pour toujours ce jour-là.
    En désactivant les Anciens, Annina avait coupé leurs circuits d'alimentation.

    Maintenant, rappelons-nous qu'un homme inconnu avait sauvé Erwann après sa confrontation avec l'un des Anciens.
    Personne ne savait comment... son cœur était sur le point de s'arrêter...

    Erwann aurait dû mourir, ce jour-là. L'homme n'avait que retardé l'inévitable, et avait greffé au jeune homme les batteries et alimentations de l'Ancien duquel il était venu à bout.
    On payait le pris de la fin de la suprématie des robots. Dans les peuples humains, la joie cohabitait avec la tristesse et la douleur. La douleur des proches que l'on n'avait retrouvés que pour les perdre, le bonheur de retrouver ceux qui avaient survécu.
    Ce n'était pas le cas des plus fragiles des cyborgs, qui s'étaient étouffés ou avaient disjoncté avec les Anciens. Le Premier Robot s'était aussi arrêté ce jour-là.

    Alpha survécut.
    Il pleurait. C'était un matin blanc, où il avait failli retrouver son frère, mais n'avait pas pu savoir qu'il était alimenté par les circuits des Anciens, un matin qui était devenu noir du sang des innocents qui avaient péri.
    Annina lui proposa de donner son propre système pour sauver Erwann. Comment faire pour les échanger... de toutes façons, si l'on n'essayait pas, Erwann mourrait...
    Ce qui devait être un jour lumineux virait peu à peu au noir. L'homme encapuchonné s'approcha d'eux, et dit à Alpha de s'éloigner, d'aller sauver les cyborgs qui pouvaient l'être. Abattu, le jeune homme s'éloigna, écoutant les cœurs de ceux qui avaient survécu, essayant avec l'aide de quelques-uns de ranimer ceux qui ne respiraient plus.

    Les plus fragiles moururent, les autres survécurent. L'ère des robots était finie, commençait une autre ère humaine, mais au lieu de commencer dans la lumière de l'espoir, Alpha sentait que l'on retiendrait ce jour comme un jour obscur de désespoir. Triste...

    Il ne s'était pas trompé. Cinq ans plus tard, on nommait ce jour-là le jour du Silence. Jour de deuil mondial.
    Alpha vivait parmi les humains désormais, avec eux, ceux qui avaient survécu et ceux qui avaient péri, qui demeuraient vivement dans les mémoires.
    On les disait sauveurs de l'humanité, un glorieux sacrifice. De la merde, pensait Alpha.
    Sauveurs de l'humanité, tu parles!

    Il ne vivait plus, il survivait. Il regardait souvent le ciel.
    -Où es-tu?

    L'homme encapuchonné avait emmené le corps d'Erwann. Alpha ne savait pas ce qu'il en était advenu. Il était sûr que son frère était mort.
    Leur mère avait pleuré.

    Alpha baissa la tête. Cela faisait déjà six ans. S'il croisait son frère dans la rue, ils ne se reconnaîtraient peut-être même pas. Et même le ciel de la nuit ne lui apportait plus que tristesse et mélancolie...

    The Fin
    L'histoire qui finit mal
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