• Cela se fit sur un coup de tête. Dans les films, les survivants préparent toujours minutieusement leurs sorties, avec trois semaines d'avances, le plan, les vivres et l'eau.

    Eux, pas du tout. A la base, la sortie était une expédition pour trouver de la nourriture.

    Ils avaient manqué de chance, en fait. Tout était parti simplement. Au départ la sortie se passait même plutôt bien. En passant par les toits, Loïc et Maxence avaient réussi à trouver un peu de nourriture encore intacte (des boîtes de conserves périmées depuis moins d'un mois, en fait) et une savonnette oubliée. Puis, en rentrant, ils étaient passés par les égoûts pour cause d'invasion inopinée de morts sur le toit sur lequel ils devaient passer. Un contretemps, rien de plus...

    Et puis l'un, ou l'autre, s'était trompé d'embranchement. De couloir. De direction. Bref, ils s'étaient perdus... être perdu dans les égouts était une expérience dont Loïc se serait bien passé. C'était moche, sombre, potentiellement rempli de zombies, ça puait la mort (qui masquait l'odeur des morts, c'était génial) et il n'y avait aucun moyen de voir où tu allais. Ils avaient décidé de ressortir à la prochaine échelle qu'ils verraient. Et maintenant, ça allait faire une heure qu'ils tournaient de façon aléatoire dans des conduits moisis, sans trouver de bouche d'égout. Même pas une dessinée sur le plafond pour faire semblant...

    Finalement, ce fut Maxence qui trouva l'échelle. Incrustée dans le mur.
    Intelligent, cette échelle, pensa ironiquement Loïc.

    Ils y montèrent, ôtèrent la plaque -qui était déchaussée (de mieux en mieux, tout ça, se dit Loïc) et débouchèrent (enfin) à l'air libre.
    Sans même attendre, le noir tira une fusée de détresse et alluma la mèche. Quelques secondes plus tard et avec un sifflement sonore, une colonne de fumée opaque et rouge vif s'élevait au-dessus d'eux. Les garçons montèrent se percher sur le balcon d'un immeuble délabré dont ils barricadèrent la fenêtre -au cas où- et attendirent. C'est alors qu'ils réalisèrent où ils étaient...

    *
    *   *

    Postée sur le toit avec ses jumelles, Evaria surveillait la ville. Comme à chaque fois que quelqu'un sortait, un veilleur était posté sur le toit.
    Soudain, l'enfant poussa un hurlement.
    Elle lâcha ses jumelles et se laissa tomber dans la pièce d'en dessous.
    -AURAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!
    -Quoi!
    -La... la... (elle agitait les bras, cherchant ses mots) la fusée!
    -Quoi? Quelle fusée?
    -De détresse. Rouge! Juste à côté des tours...

    Aura sursauta. Jamais la fusée de détresse n'avait été utilisée, c'était presque devenu une sorte de blague -elle oubliait d'ailleurs toujours la sienne...
    Elle suivit Evaria sur le toit et put voir flotter la fumée, écarlate, se détachant sur le ciel gris de nuages de neige. La journée s'assombrissait. Sortir maintenant serait suicidaire...
    -On y va?

    Evaria avait interrompu le cours de ses pensées.
    -Mais... tu vois bien qu'il va y avoir un orage et...
    -Justement, la coupa l'enfant. On nous entendra pas, on nous verra pas. Mais nous on sait où ils sont... Non moi ma question c'est: qu'est-ce qu'ils foutent là-bas?

    Evaria prit son pistolet, le chargea, et passa un rouleau de corde sur son épaule.
    -Si je ne suis pas revenue dans quatre jours, c'est que je serai morte.
    -Non...
    -Je m'en fiche que tu sois pas d'accord. Moi, je vais les chercher. Si on peut récupérer en passant de quoi ouvrir ce putain de toit pour faire sortir la mob, c'est encore mieux.
    -C'est pas ce que je voulais dire, je viens avec toi.
    -Ah bon? Alors prends ton arme et ta bouffe, parce qu'on part maintenant.
    -... d'accord.

    Auria ne regrettait pas d'être sortie -mais elle n'y voyait rien, confondait les hurlements du vent avec les gémissements des morts et glissait lourdement sur le béton trempé, derrière Evaria qui semblait, elle, être dans son élément, les yeux rivés sur la colonne rouge qui s'estompait à vitesse grand V, les oreilles aux aguets.
    Elle soupira. En plus, elle n'arrivait pas à se concentrer -elle était inquiète pour les garçons, enfin... être dehors et faire quelque chose, même sous le vent et la pluie c'était mieux que rester enfermée à ne rien faire, tourner en rond en se demandant s'ils allaient bien et ce qu'ils faisaient.

    -Eva... attends-moi!
    La petite se retourna, s'essuya la figure de la manche et s'assit pour l'attendre. Aura s'assit par terre.
    Pause.
    Elle aurait voulu mettre le monde en pause pour aller chercher son frère. Mais arrêter le temps c'était impossible. Tout comme revenir en arrière. Evaria regardait ailleurs, vers là où la colonne s'était élevée. La pluie faiblit, mais le vent forcit. Aura leva sa manche, contempla la morsure qui avait laissé deux cicatrices presque symétriques, en forme de croissant. Immun? Elle frissonna, rabaissa le tissus sur sa manche. Quand elle pensait à... Non. Il ne fallait pas. Pour l'heure, ce qui importait, c'était les garçons.

    -On y va?
    Eva avait encore interrompu sa réflexion. Ça devenait une habitude. Aura savait qu'elle pensait trop.
    -D'accord.


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  • Le chapitre en retard, bonsoir... *oknon*

    Loic et Maxence regardaient les tours, n'en croyant pas leurs yeux. La pluie leur tombait dessus et dégoulinait sur et dans leurs k-ways, trempant les vêtements qu'ils portaient en dessous. Ils ne pensèrent pas tout de suite à allez s'y réfugier.

    Non.

    C'était leur but. Ouvrir le toit de l'astroport, partir -loin d'ici, de tout, des morts et de la folie ambiante.

    Partir.

    Les tours, ce qu'ils rêvaient d'atteindre depuis des mois déjà. Des mois passés en équilibre sur un fil de nylon tendu entre deux toits, toujours à quelques mètres de la mort, jamais en sécurité, jamais sereins.
    Les tours. Qui contenaient quelques chiffres, le code du toit. Le mot de passe pour leur liberté, pour le retour à une vie presque normale.

    Soudain une masse tomba à leur côtés, brisant leurs pensées communes qui rêvaient des tours.
    Trois canons se pointèrent aussitôt sur elle.

    -C'EST MOI, hurla Evaria, me tirez pas dessus!

    Au même moment, un coup de feu résonna...

    -Mais les cons!
    -Quoi?
    -Vous.. vous avez pas tiré?
    -Je crois pas.. non...
    Ils vérifièrent leurs chargeurs -pleins. Tous.
    -Non non, regarde, on a toutes nos...
    -MERDE!
    -Quoi?
    -... Aura est venue avec moi. Soit c'est elle, soit c'est quelqu'un d'autre, mais ça vient de derrière moi alors...
    -Allons la chercher.

    Le regard de Loic était devenu froid comme la glace.


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  • Aura lâcha un juron. Elle avait tiré sans réfléchir sur le zombie qui s'approchait, sans penser que tous ceux du coin allaient être attirés par le bruit. Elle s'essuya le front, et repartit dans la direction qu'Evaria avait empruntée.

    L'enfant l'avait semée sur les toits, et elle en ressentait comme une forme de vexation. Enfin, Eva était minuscule, maigre comme un clou et dormait peu, pourtant, elle avait dix fois plus d'énergie que la jeune femme, et se déplaçait nettement plus vite qu'elle. Avec la pluie, Aura avait perdu de vue sa compagne et se demandait pour la vingtième fois, elle qui était habituée à l'intérieur rassurant de l'astroport, ce qui l'avait poussée à accompagner Eva dans cette sortie suicide. Elle était un boulet qui risquait plus de la retarder qu'autre chose et ne servirait à rien. Même Loïc était plus capable qu'elle de se débrouiller.
    Et en plus, maintenant elle était perdue et devait s'éloigner de l'endroit le plus vite possible.

    Il lui semblait que la fumée avait été tirée à proximité des tours. Elle chercha les masses de béton gris du regard et il lui sembla les distinguer, se détachant approximativement sur un fond flou de nuages de la même couleur. La pluie n'arrangeait rien. Elle s'essuya le front pour éviter que les gouttes ne lui tombent dans les yeux, souffla un coup et se remit à progresser.

    Au bout d'une heure -plus peut-être- à crapahuter dans les toits, elle entendit un gémissement lugubre qui montait dans le crépitement de la pluie. Elle regarda autour d'elle et retint un cri de rage. Elle s'était encore plus perdue... elle n'avait aucune idée d'où elle était. L'enseigne d'un supermarché bien connu termina de se détacher et chuta au sol dans un clang! retentissant. Elle se retourna, l'avisa et ouvrit de grands yeux effarés.

    Un supermarché signifiait éventuellement les denrées qui n'avaient pas été pillées -et n'avaient donc aucun intérêt, mais plus grave encore: soit des survivants en avaient fait leur repère et elle n'avait aucun moyen de savoir s'ils étaient amicaux ou non; soit le centre commercial était bondé de morts. Elle s'assit et posa sa tête dans ses mains.
    Au moins, pensa-t-elle, ma situation ne peut pas être plus désespérée.

    Elle se trompait.

    *
    *   *

    -Aura!
    -Elle est venue avec toi?
    -Oui... je... mais non! Je l'ai semée! AURA!

    Eva appelait inutilement la jeune femme. Devant l'absence de réponse, elle baissa les épaules et rentra la tête dans les épaules.

    -Faut la retrouver...
    -Oui...

    *
    *   *

    -AURA! AURAAAAAAAAAA!

    L'homme leva la tête.

    -Tes amis te cherchent, on dirait.
    -Peut-être, souffla la jeune femme sans grand espoir.

    Il l'avait eue par derrière, et lui avait expliqué qu'il comptait tirer une rançon d'elle. Dans le meilleur des cas. Aura n'avait pas su quoi faire pour se défendre et maintenant, elle était coincée. Il n'était pas difficile de deviner qui le cri appelait, espérant une réponse.

    -C'est ta petite sœur?

    Aura ne répondit pas. Eva criait plus fort que les autres, s’époumonant à s'en casser la voix. Elle devait culpabiliser à mort de l'avoir semée.
    Elle se demanda ce que l'homme allait pouvoir leur demander pour sa liberté -s'il tenait sa parole...

    -Eh, tu pourrais au moins faire un effort pour rendre ta captivité supportable.

    Elle haussa les épaules dans un geste insultant. Elle s'en fichait si lui n'avait pas parlé à quelqu'un depuis longtemps, elle n'avait pas à lui faire la conversation. Il n'aurait qu'à eu l'aborder gentiment, elle était sûre qu'il aurait pu partir avec eux... mais là, tout ce qu'il allait obtenir, c'était la mort. Elle l'entendait dans la voix d'Eva qui se faisait de plus en plus perçante.

    -Bon, ben je vais parler tout seul alors...

    Oh non, et le voilà qui se mettait à monologuer. C'était insupportable de l'entendre râler, et Aura cessa bientôt de prêter attention à ses paroles. Elle détourna la tête et se cala un peu moins inconfortablement. Ce faisant, sans même s'en rendre compte, elle releva un peu sa manche, laissant apparaître une trace de dents en croissant.
    Son ravisseur cessa son bavardage, fixant intensément ses mains liées.
    Qu'est-ce qu'il avait d'un coup? Un fétichisme bizarre? Un fanatique des os de poignets? Ou alors... brr, non, valait mieux écarter l'hypothèse du SM ou elle allait avoir un fou-rire.

    -Qu'est-ce que tu as sur le bras? Tu as été mordue?
    -Nan, c'est un tatouage en relief, c'est la nouvelle mode chez les pétasses.

    Le sarcasme était sorti tout seul. C'était une des premières fois que ça arrivait, mais là, elle avait craqué. Entendre la folie qui perçait dans la voix d'Eva et ne rien pouvoir lui répondre, tout ça en devant supporter d'entendre la vie inintéressante d'un inconnu armé trop feignant pour chercher sa propre bouffe, ça l'avait vraiment gonflée au point qu'elle avait perdu de sa douceur. Et brisé en passant sa résolution de demeurer muette.

    -Oh, ça va. J'ai pas envie de me retrouver avec un macchab sur les bras... après, si c'est le cas de tes potes...

    Un gémissement lugubre résonna.

    Elle tourna la tête dans sa direction, par réflexe.

    -NON!


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  • -NON!

    Le cri était sorti sans qu'Aura puisse rien faire pour le retenir.
    Elle distinguait deux silhouettes sous la pluie, qui se tournaient autour. Ou plutôt une silhouette qui bougeait de droite à gauche, indécise, devant l'autre qui avançait lentement, inexorablement.
    Le mort se tourna lentement vers elle, eux -elle oubliait presque l'homme incrédule qui la retenait.
    La diversion fut suffisante.

    Le zombie se prit le pied de Loïc en pleine tête.
    Assez pour l'écraser un peu. Il fut repoussé par le choc, mais se retourna vers son agresseur qui avait reculé dans un mouvement fluide.

    Aura était horrifiée. Elle était sûre que si Eva arrivait maintenant, l'équilibre volerait en éclats. Bien sûr, cette andouille de Maxence lui avait déjà tout raconté, elle supposait qu'il ne savait pas ce que ça entraînerait...
    Aura savait qu'Eva tentait de faire le parallèle avec ce qu'elle connaissait -le monde des jeux vidéos- mais pour avoir regardé son frère jouer au jeu Still Alive et le terminer, elle savait qu'il n'y avait pas de gens comme elle et son frère. Si on rappelait ce léger détail à Eva, elle allait...

    Un coup de feu résonna dans le silence tendu, le zombie tomba mort et la silhouette de Maxence se profila dans la pénombre. La jeune femme se remit à respirer.
    Il fallait juste tenir un peu plus longtemps. Un tout petit peu plus longtemps, et tout serait bientôt fini. C'était la mort qui les attendait, mais il fallait d'abord sortir Eva et Maxence d'ici, les emmener en lieu sûr.

    La petite n'en verrait rien, on ne lui dirait rien, ne lui rappellerait rien. Que sa mémoire occulte les souvenirs qui la dérangeaient comme celles d'Aura et de Loïc ne pourraient jamais le faire...

    Aura se remémora, une fois de plus, les expériences. Les piqûres, les injections, les tests, et les morsures, innombrables. Il en restait des traces, profondes, sur ses bras, ses jambes, ses épaules. Avec son petit frère, elle avait servi de cobaye parce que son organisme pouvait résister au virus, à des doses incroyables. Qui auraient tué un taureau sur le coup. Ils étaient les deux derniers à avoir survécu. Loïc était passé à deux doigts de la mort, d'ailleurs, avant l'espèce de rébellion qui avait suivi.

    Son frère avait fini par devenir agressif, à... mourir, en fait. Son corps avait finalement atteint ses limites.
    Aura avait saisi l'occasion. Elle avait fouillé le complexe, pas de fond en comble, mais assez pour trouver ce qui avait été conçu à partir de leur sang... un embryon d'antidote? Elle n'en savait rien. Mais Loïc commençait à ressembler de plus en plus aux zombies. Elle lui avait donc donné l'antidote. Après un temps qui lui avait semblé infini, l'agressivité du jeune homme avait finalement diminué.

    Ils s'étaient alors trouvés confrontés à un problème beaucoup plus grave...
    Les scientifiques que Loïc avait attaqués, eux, n'étaient pas immunisés au virus.
    Ils avaient été coincés dans un immense complexe dont ils n'avaient pas les plans ni ne connaissaient la sortie.

    Ce n'était pas vraiment une rébellion. Plus une simple évasion. Le temps leur était compté. Ils avaient décidé de laisser les scientifiques se transformer et mettre la base sans dessus dessous, mais Aura écrasa quand même la tête de ceux qui commençaient à s'agiter. D'un coup de botte. Splash. Des traces de cervelle partout, du sang, la mort définitive. Visage inidentifiable.
    La tête éclatait alors qu'elle mettait tout son poids dessus.

    Aura grimaça, dégoûtée. Les scientifiques morts qui restaient ne tarderaient pas à se relever, insensibles aux balles, au froid, à la chaleur, à la soif, mûs par une horrible faim qui les poussait à dévorer les vivants. Beurk. Qui voudrait d'une telle résurrection?
    Elle avait entendu que le virus zombie avait été créé dans une quête d'immortalité...

    Où étaient les autres cobayes... Aura n'en savait rien, peut-être seuls Loïc et elle avaient survécu. Peut-être d'autres prisonniers suppliaient qu'on leur laisse la vie, la liberté. Qu'on les laisse partir. Qu'on cesse de leur injecter sans cesse de nouveaux produits, de nouveaux antidotes ratés.

    Ils utilisèrent un stratagème qui, ils en étaient sûrs, serait éventé en quelques minutes. Aura transportait Loïc, demandant où était la sortie où l'on jetait les cobayes qui avaient succombé aux expériences.
    -Pourquoi ce n'est pas l'agent habituel qui le fait?
    -Je n'en sais rien, monsieur. On m'a juste dit de débarrasser le corps.
    -Tu peux passer.
    -Merci, monsieur.
    Elle ne fut pas interpellée et personne ne se posa de question avant la toute dernière porte. Bizarre, en y repensant, comme tout s'était bien passé. Peut-être les avait-on intentionnellement laissés sortir? Ou alors ils avaient juste eu une énorme chance...

    Eh, toi, arrête-toi!

    Loïc avait bougé. C'était fini. Ils allaient mourir ici... elle ressentit une vive douleur dans l'épaule et sentit son vêtement (si on pouvait appeler ça un vêtement tant il était sale, on aurait dit qu'elle s'était drapée dans un vieux rideau) devenir chaud et humide.

    Elle tomba à terre, hurlant.
    Il m'a mordue! Il m'a mordue! Sauvez-moi, je vous en prie!!
    Les soldats, voyant en Loïc un de ces enragés dont on leur avait tant parlé, des zombies plus rapides et plus forts que les autres -à la vérité, juste un peu mais la fable avait pris tant d'ampleur que les nouvelles recrues étaient persuadées de trouver en face d'elles un homme surpuissant, très rapide et ne craignant pas la mort prêt à avaler leurs chairs... Loïc était juste vivant et râlait en poursuivant les soldats qui gardaient la sortie.

    Un homme pointa un fusil sur sa tempe. NON! pensa Aura..
    Eh, toi! Qu'est-ce que tu fais!
    Je l'achève, monsieur. Elle a été mordue par cet enragé, là-bas, qui a traversé la porte. Elle va se transformer, on ne peut pas la garder...
    Tu connais les ordres, imbécile! Fous moi ça dehors, tu reviendras demain quand elle sera morte.
    Ou... oui, monsieur.

    Une vague de soulagement envahit Aura. Elle allait vivre. On la transporta dehors alors qu'elle faisait semblant d'être inconsciente. Elle resta couchée au sol, étourdie, pendant quelques minutes, ne pouvant croire que ça avait marché.
    -Aura... chuchota une voix, près d'elle. Aura! Aura, non... Ils me l'ont tuée...
    -Je vais bien, murmura Aura. Tu m'as fait mal...
    -J'étais obligé, ça ne serait jamais passé sinon. Heureusement qu'ils ont foutu des bleus de ce côté, ha! Sinon, on serait morts tous les deux.
    -Le sang va attirer tous les zombies du coin..
    -Au moins, on mourra libres. Je crois qu'ils nous surveillent. Je t'emmène un peu plus loin. Ça va râper un peu.

    Elle se sentit traînée sur une trentaine de mètres.
    -T'es lourde...
    -T'es faible, sourit Aura.

    Ils étaient libres. Ils allaient vivre... rien d'autre ne comptait.

    On la ramena brusquement à la réalité.
    -Tu viens?
    -Oui, oui... j'arrive.

    Elle avait été déliée.
    Et Eva arrivait. Maxence regarda son ravisseur.
    -Bon. On va pas s'attarder.

    Loïc prit sa soeur par la main.
    Ils se regardèrent. Comment expliquer à Eva le sang... ?

    Enfin, il y avait plus grave. Plus urgent.
    Tous les zombies du coin avaient fini par rappliquer, comme pour prendre leur revanche sur cette fois où malgré la faiblesse de leurs proies ils avaient brillé par leur absence...


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