• Marche dans les bois

    Voici mon texte pour le concours de Rosa9/Elsa !, comme c'était censé être aujourd'hui la date de clôture de remise des textes, je publie ici le mien.

    Le profil et le blog de la personne concernée ont été supprimés mais ça m'empêche pas de publier le texte, ce serait dommage de l'avoir écrit pour rien!

    Bref. Voici ce que mon esprit a pondu par l'intermédiaire de mes doigts et de mon pauvre clavier...

    On marchait dans la forêt, tranquillement -c'était pas loin de chez nous. Ma sœur et moi on s'entend vraiment bien, malgré nos huit ans de différence. Je suis plutôt cool comme grand frère je crois, il est possible que ça joue, on sait jamais.
    On était partis en pique-nique tous les deux. Je m'en rappelle très bien. J'avais seize ans et elle huit, elle allait bientôt en avoir neuf, deux jours plus tard. On avait embarqué assez de provisions pour nourrir une horde de barbares affamés pendant une semaine et on cherchait un endroit sympa pour se poser et manger avant de faire demi-tour et retourner elle à ses tanks miniatures en plastique, moi à mon ordinateur et Skype. Je voulais jouer en ligne avec des gars de ma classe dans la soirée et je me souviens pourtant avoir insisté pour qu'on sorte.
    On avait quitté le chemin depuis environ dix minutes, ma sœur donnait des coup de pieds dans les feuilles tombées à terre, les faisant voler. Elle faisait la tête et me regardait d'un air qui proclamait ostensiblement sa volonté de dévorer la nourriture, les emballages, le sac à dos et moi avec si j'essayais de l'en empêcher.
    J'ai tourné complètement par hasard la tête vers la gauche, et là...
    Là, j'ai avisé la clairière. J'ai donné un coup de coude à ma sœur :
    -Dis donc, regarde-moi cette clairière si elle est pas belle ! Ça te dit on se pose là pour pique-niquer ?
    -Oki.
    On est donc allés, ma sœur et moi, vers cette clairière-là. Très jolie en vérité. Une herbe bien verte, presque fluo après les ocres et les roux doux de la forêt. C'était le tout début de l'automne et il faisait encore très chaud. Je me rappelle que j'avais un short -marron, tout pourri, tout vieux, les poches qui baillent, défoncé à la ceinture et effiloché en bas -en gros le genre de short qui fait fuir tout le monde sauf ma sœur.
    Ma sœur aime mon short. Mais que celui-là. Les autres la font fuir. Ça doit être à cause de mes mollets poilus.
    L'herbe était encore émaillée de fleurs. Ma sœur a tout de suite couru vers les pissenlits qui offraient leurs plumeaux, légers et graciles, au vent d'octobre.
    C'est au moment où elle a cueilli le premier que c'est arrivé.
    D'un coup, sans prévenir, le sol s'est dérobé sous nos pieds, devenant un gigantesque toboggan glissant et humide. Du coup, on a glissé, glissé, glissé sur ce tapis d'herbe trop verte...
    Droit dans l'obscurité. La glissade avait été longue, et j'entendais ma sœur qui criait, un peu devant moi. Un long hurlement suraigu qui, bien longtemps en vérité après qu'il aie cessé, résonnait encore dans mes oreilles. Et soudain, paf, plus rien de solide sous nos fesses.
    On reste une seconde comme suspendus dans les airs, sans rien voir parce que nos yeux ne se sont pas encore accommodés à l'obscurité, une seconde ténue, si courte et pourtant interminable. Une seconde pendant laquelle on se demande vraiment ce qui va nous arriver.
    Et là c'est la chute. Et puis, avec un genre de bruit qui ressemble vaguement à un « brouf ! » étouffé, on atterrit dans un truc mou et je relève les yeux juste à temps pour voir le toboggan se refermer avec un claquement sonore.
    C'est l'évidence, on est tombés dans un piège. Mais qui a bien pu mettre ça là ? Un protecteur des pissenlits, ou quoi ?
    La voix fluette de ma sœur me ramène à la réalité.
    -On est où là ?
    Il fait noir, très noir, j'y vois rien. Le truc dans lequel on a atterri dégage une odeur douceâtre, un peu comme du compost, mais en moins prononcé. Comme si on avait mis des fleurs très odorantes par dessus des peaux de melon en décomposition : ça sent pas spécialement mauvais mais un peu sur la fin. Un genre de parfum un peu entêtant, écœurant.
    Comme si j'avais pas entendu, ma sœur :
    -Mais on est où, là ?!
    Et ma réponse :
    -On n'est pas là, on est ici.


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