Ceci est un truc retrouvé complètement par hasard dans mon discu alors que je faisais du tri et du rangeage.
J'ai lu, j'ai cligné des yeux j'ai fait ok ça ça va sur Ekla. Me demandez même pas pourquoi.

Le monde est un océan. Je le vois les yeux fermés, les yeux ouverts, à travers le sol, les murs, la table, la feuille sur laquelle j'écris. A travers les lettres, arabesques bleues que dépose le stylo sur le papier.
Je vois cet océan dont l'eau n'est ni bleue, ni verte, ni grise. Cette eau, je ne sais même pas si c'en est réellement, tellement sa couleur rouge est proche de celle du sang.
Je flotte au dessus de cette mer de sang, je m'en approche... je vois le monde qui se débat.
Il y a des gens qui flottent, certains sombrent... d'autres font la planche et se laissent porter par le courant.
Moi je nage au milieu.
J'ai accroché des gens qui cheminent avec moi. Je sens leurs souffrances sur mon dos. J'ai un bout de leurs peines que je charrie sur mes épaules. Je ressens la douleur, la mienne et celle des autres...
Je sais que je dois nager jusqu'à la rive. Si je lâche, je suis perdue. Je suis couverte de sang, de mon sang. Il coule de partout, toutes ces coupures ouvertes, et de mon cœur aussi.

Je ne dois jamais cesser de nager et de me battre, même si je sais que le jour où je me sortirai de cette douleur, sera aussi le jour de ma mort. De ma mort... Je sais que je dois tenir bon. Si je sombre c'est foutu. Je ne reverrai peut-être jamais le jour.
C'est pour ça que je dois tenir.
Seule j'ai moins peur, je n'ai plus peur car je sais que je n'entraînerai personne dans ma chute. Je sais que dès que je me rapproche de gens, il y a un risque -plus ou moins grand- que ma noyade entraîne la leur.
C'est de ça que j'ai peur. J'ai peur d'être responsable de la chute de mes proches, peur de causer la perte de leur envie de respirer, la perte de leur ciel et de leur horizon.

J'ai peur.
Je me demande si l'humain est condamné à toujours soit lutter soit se noyer. Si « mort » est le seul synonyme de « tranquillité ». Si je ne peux pas atteindre la rive sans mourir, rester sauve en touchant la terre sèche.
Actuellement j'ai pied sur du vide. Je me sens marcher sur l'eau. Je sais qu'à tout moment je peux basculer, tomber et couler. Mais maintenant, je marche sur l'eau, mes pieds nus sont pleins de taches rouges qui sèchent et s'éparpillent en copeaux rouge sombre sur ma peau blanche.

Je me sens un océan dans un océan. Un point grisâtre dans une mer rouge, mouchetée d'autres points grisâtres vaguement brillants, comme du mercure, et qui flottent comme des confettis.
Gris sur rouge, du dessus je nous regarde, des flaques de solitude toutes groupées, sans se parler, sans se voir, sans se sentir. Comme si on ne savait pas que toutes les autres existent tout en étant pressés les uns contre les autres.

Je suis un point gris, moi, brillante de larmes, les bras écartés, je flotte. Un point qui pleure, chaque parole, chaque regard, chaque geste et chaque larme est un hurlement, un grand cri qui sommeille dans mon cœur tout gris. Un hurlement suraigu, inarticulé, qui me vrille les oreilles et qui fait trembler mes mains. Une immense clameur, aigre, amère, pleine de souffrance, qui pique et qui glace et qui brûle, qui tourne et se cogne dans mon crâne comme une tornade prisonnière. Un cri insensé, qui n'existe pas, qui refuse de sortir, que je ne peux pas, qui ne veut pas s'évacuer, sortir... dont je ne peux pas me libérer.
Un gigantesque hurlement de folie et de souffrance, qui veut dire juste un tout petit mot : solitude...

Je sais que je ne suis pas la seule à ressentir ce cri. Je ne supporte pas de ressentir les autres qui ressentent aussi ce cri. Je ne peux pas ignorer le cri des autres qui se mêle au mien -et ça fait mal.
La folie me guette en tournant, je sais qu'elle est là... que je deviens folle. Que je ne peux pas y échapper...
J'ai envie qu'on me foute la paix. Moi je veux être tranquille.
Même si je sais que pour moi maintenant, la tranquillité viendra avec la mort... et probablement pas avant.

C'est bon? T'es déprimé maintenant? AHAHA. Non, je plaisante, pleure pas, tiens prends du chocolat c'est bon ça le chocolat. Tu veux un câlin?