• Yo! Bienvenue dans la théorie du mercredi qui sort cette fois le vendredi (aléatoire~)

    Faites aujourd'hui place à une théorie sur... le manque d'idées.

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  • Le 5 avril 4728 – quinze heures et trente-quatre minutes

    « -Alpha ? »

    Erwann était perdu dans les égouts. Les conduites n'étaient plus utilisées pour l'assainissement depuis des dizaines d'années, la pluie les avait nettoyées, et le garçon pataugeait dans l'eau qui lui arrivait au genou. Il avait préféré marcher dans les canaux après être tombé -il avait glissé en prenant un virage en courant et s'était ramassé au milieu de l'eau claire qui coulait.

    Il jura intérieurement en ne recevant pas de réponse.

    Il tendit derechef l'oreille, avançant en faisant le moins de bruit possible à contre-courant. Il renouvela son appel, plus fort cette fois.

    « -Alpha ?! »

    Un pas lourd lui répondit, le pas de quelqu'un qui avait deux jambes différentes. Des 'cloc !' secs alternaient avec le bruit léger d'un pied de robot. Le pas se précisa, jusqu'à ce que la tête triangulaire d'Alpha apparaisse au croisement suivant -la mâchoire inférieure, remarqua Erwann, avait été ressoudée à la hâte en position ouverte, du scotch de chantier consolidait l'ensemble. Le robot le salua de la main, et lui annonça :

    « -J'ai des tonnes de trucs à te raconter... mais c'est pas pour prendre un café que je t'ai demandé de venir ici.

    -La jambe, ça en fait partie ?

    -Oui, la mâchoire aussi... Nina, tu peux venir ? »

    Un robot minuscule, gris clair, avec des longues couettes blond-roux et une robe bleue qui sortait tout droit du coffre des vêtements de petit fille d'une trisaïeule, apparut et se mit à grésiller d'une voix fluette quelque chose qu'Erwann ne comprit pas. Alpha la regarda un instant, puis hocha la tête dans un mouvement si rapide que le jeune homme douta de l'avoir vu.

    « -Erwann, dit Alpha, je t'ai demandé de venir parce qu'il faudrait que tu transportes la petite...

    -Et c'est qui d'ailleurs ?, lui répliqua l'intéressé d'un ton plus cassant qu'il ne l'aurait voulu.

    -Le premier robot, c'est moi. »

    C'était encore la voix de la fillette qui venait de grésiller. Elle avait effectivement une voix métallique et entrecoupée de parasites...

     

    Ce qu'Alpha venait de lui dire, elle ne l'avait pas saisi. Elle ne comprenait pas en quoi le fait qu'Erwann tombe par hasard sur une personne disparue à qui il tenait pouvait dérégler ses réactions et facultés de compréhension. Mais il fallait l'éloigner, ça elle l'avait bien compris. Elle devait de toutes façons elle-même se placer dans un endroit particulier bien loin de la grande place où Alpha avait demandé de rassembler les prisonniers, pour envoyer un virus qu'elle avait conçu vers les Anciens et faire péricliter leur programme. Le risque c'était le son virus lui échappe et la contamine aussi.

    Elle était montée sur le dos du garçon, bien accrochée. Alpha boitait sur le passage à côté du caniveau. Soudain ses genoux le lâchèrent et il tomba encore en se tenant la tête...

     

    Un flash. Une explosion de lumière alors qu'il passe la porte. Il baisse les yeux sur ses pieds, il les découvre couverts de boue. Il court dehors avec son petit frère, comment sait-il que c'est son frère ?

    Il a peut-être une douzaine d'années. Son frère a un peu moins de dix ans. Un homme sort de la maison.

    « -Venez dire bonjour à votre petite sœur, les garçons. »

     

    Tout s'obscurcit. Il court dans les bois avec un garçon qui ressemble à Erwann, qui tient une fille par la main. Il a une toute petite enfant dans les siens. Il met la gamine dans les bras du garçon qui l'accompagne -son frère, c'est son frère, comment sait-il que c'est son frère ? Qui est cette fille qui lui semble familière ?

    Il se jette en arrière en leur hurlant de suivre la rivière.

    Et il fonce vers la menace qui les poursuit. Des robots blancs...

     

    « -Oh, Alpha, ça va bien ?

    -Euh... ou-ouais, ç.. ça va.... J-je crois. Je viens d'avoir un flash... je...

    -Oh ok. Tu vas pas nous refaire un coup comme ça si ?

    -Non... non non. Je pense pas... »

    Après avoir caché Annina le temps qu'elle déconnecte les anciens, Erwann et Alpha coururent sur la grande place. Alpha pria tous les dieux qu'il connaissait pour que le petit ne pète pas trop de plombs et qu'il ait la présence d'esprit d'attendre un petit moment avant de piquer une crise de nerfs.

    Alpha sourit d'un air sournois en arrivant sur la place. Des tonnes d'humains se pressaient sur l'esplanade dans un brouhaha tonitruant, aucune chance qu'Erwann aperçoive Annah. Il soupira mentalement de soulagement. Puis lâcha un énorme juron lorsqu'il réalisa que la jeune fille marchait droit sur eux. Il se mit aussitôt à faire des grands gestes et, oubliant le masque, à articuler 'non, non, pas tout de suite !', en pointant Erwann puis lui-même puis les bâtiments, en faisant des grands moulinets pour lui dire de rester discrète. Elle l'observa, une grimace dubitative chiffonnant son minois, puis leva les pouces et disparut. Alpha souffla.

    « -Mec ?

    -Heu oui ?, répondit le robot, se retournant d'un bloc pour voir qui lui avait parlé.

    -Qu'est-ce que tu foutais à agiter les bras comme ça ?, lui demanda Erwann en fronçant les sourcils.

    -Heuuu... de la reconnaissance par signaux pour éviter un danger imminent qui foutrait le plan par terre.

    -Quel danger ? (Erwann tapait d'un pied par terre, l'air mécontent.)

    -Un piquage de crise en règle de ta part.

    -Déclenché par quoi ?

    -J'te l'dirai pas. »

    Une armée de métal s'avança depuis les ombres. Les robots, tous synchrones, et Alpha rafistolé au scotch derrière, qui se marrait en les regardant. Les humains se resserrèrent les uns contre les autres en fixant la houle grise, qui avançait comme un seul être, parfaitement organisée, armée, mortelle... contre leur foule hétéroclite, bigarrée et désordonnée. Le silence se fit, glacial, coupant.

    Le temps se figea. Un nuage passa, lourd de pluie, au dessus de la place.

    « -Nous avons ordre d'éliminer tous les contrevenants. Et toi, 75466_879446, tu es la honte de notre civilisation. Humains, rentrez dans vos cellules et 75466_879446, tu es prié de me suivre sans opposer de résistance. »

    Un des robots venait de s'avancer. Il avait une épaulette rouge qui, seule, le différenciait des autres.

    « -C'est un général, souffla Alpha à Erwann. Puis il reprit, plus fort : 'Sans opposer de résistance' ? Elle est bonne, celle-là, on me l'avait encore jamais faite. »

    Il se mit à rigoler comme un fou. Le silence se fit encore plus coupant autour de ses éclats de rire, qui semblaient résonner, irréels, dans l'air immobile.

    « -Qu'est-ce qui te fait rire, couillon ?! », lui hurla Erwann.


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  • Bonjour bienvenue dans cette théorie du mercredi prout.

    Aujourd'hui ma théorie porte sur le jeu DS Lite Lost in Blue 2, j'ai remarqué un truc quand tu nourris tes persos et ça m'a interpellée, donc je vous l'expose.

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  • Le chapitre en retard, bonsoir... *oknon*

    Loic et Maxence regardaient les tours, n'en croyant pas leurs yeux. La pluie leur tombait dessus et dégoulinait sur et dans leurs k-ways, trempant les vêtements qu'ils portaient en dessous. Ils ne pensèrent pas tout de suite à allez s'y réfugier.

    Non.

    C'était leur but. Ouvrir le toit de l'astroport, partir -loin d'ici, de tout, des morts et de la folie ambiante.

    Partir.

    Les tours, ce qu'ils rêvaient d'atteindre depuis des mois déjà. Des mois passés en équilibre sur un fil de nylon tendu entre deux toits, toujours à quelques mètres de la mort, jamais en sécurité, jamais sereins.
    Les tours. Qui contenaient quelques chiffres, le code du toit. Le mot de passe pour leur liberté, pour le retour à une vie presque normale.

    Soudain une masse tomba à leur côtés, brisant leurs pensées communes qui rêvaient des tours.
    Trois canons se pointèrent aussitôt sur elle.

    -C'EST MOI, hurla Evaria, me tirez pas dessus!

    Au même moment, un coup de feu résonna...

    -Mais les cons!
    -Quoi?
    -Vous.. vous avez pas tiré?
    -Je crois pas.. non...
    Ils vérifièrent leurs chargeurs -pleins. Tous.
    -Non non, regarde, on a toutes nos...
    -MERDE!
    -Quoi?
    -... Aura est venue avec moi. Soit c'est elle, soit c'est quelqu'un d'autre, mais ça vient de derrière moi alors...
    -Allons la chercher.

    Le regard de Loic était devenu froid comme la glace.


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  • Le 5 avril 4728 – quinze heures et trente-quatre minutes.

    La porte s'ouvre. Elle entend son grincement depuis le bout du couloir, où se trouve sa cellule. Ils viennent la chercher. Elle le sait, dans un éclair de lucidité que lui accorde la fièvre qu'elle se traîne depuis plusieurs mois. Les médicaments ne suffisent plus et ne la font pas baisser. Elle sait que ce qu'il lui faut c'est du soleil et Erwann. Mais quand elle a demandé la lumière du jour, les robots ont cru a une tentative d'évasion et depuis, elle n'a plus que les rations nécessaires à sa survie...

    Du calme, pense-t-elle, du calme. Ne pleure pas. Jamais. Montre leur comment ça meurt, une humaine. Ne pleure pas. Reste digne. Tu vas leur montrer un peu !

    Les portes claquent. Des jurons retentissent, les pas sont trop bruyants, des blagues résonnent. Soudain la grille de sa cellule s'ouvre. Une femme entre en trombe, colle une lampe-ventouse au plafond, qui éclaire la pièce d'une lumière jaunâtre. Elle sort des cisailles et coupent les fers qui encerclent les poignets et les chevilles d'Annah, désinfecte ses plaies purulentes en marmonnant pour elle-même.

    « -C'est dégueulasse, vraiment, dégueulasse, beurk beurk beurk. C'est immonde, immone, aaaah ça suinte du pus c'est pas joli. Non mais je te dis pas les conditions d'hygiène là-dedans, c'est une horreur. (puis à Annah) Moi c'est Hiéronyme, mais tout le monde m'appelle Ronne. Tu veux de l'eau ?

    -Oui, s'il vous plaît... »

    La femme lui tend une gourde :

    « -Tiens, bois tant que tu veux. T'auras droit à un bout de pain ensuite... le temps que je termine avec tes chevilles. Non mais c'est une horreur... T'as vu comment ça suinte ? Un mois de plus et t'aurais eu la gangrène, il aurait fallu t'amputer. T'as bu ? Bon, tiens, mange. Passe moi ton poignet, t'as pas besoin de tes deux mains pour manger. Beurk... Bon où est-ce que j'ai foutu ma bande, moi ? (elle sort un rouleau blanc cassé et des compresses désinfectantes de sa poche revolver) ça fera l'affaire. »

    Hiéronyme parle en continu pendant qu'elle bande les poignets de Annah.

    Un garçon passe la tête dans l'entrebaîllement, ses boucles dansent dans un courant d'air.

    « -Ronne, grouille ! Ah ! Mais c'est Annah ! Y'a Erwann qui est parti dans les égouts, tu le reverras bientôt. Tu peux marcher ? (puis, se trounant vers le couloir) Le premier qui dit à Erwann qu'on a retrouvé Annah, je jure que je le bouffe ! Je veux trop voir la gueule qu'il va faire ! »

    Annah se lève en chancelant, ses jambes ne la portent presque plus. Soutenue par Ronne et le garçon roux, elle se hâte vers la porte, ses chevilles bandées se plient mal, mais elle court presque. Elle sort...

    Elle est sortie ! L'air lui fouette le visage. Ils enfilent un dédale de couloirs avec d'autres prisonniers, dont les membres de son escouade, comme elle le remarque avec satisfaction. Une porte ouverte dessine son ouverture blanche. Ils rejoignent encore d'autres gens sur une immense esplanade...

    La lumière du soleil ! Après ça, plus jamais elle ne retournera dans les prisons. Plutôt mourir ! Malgré la fièvre, elle rit à gorge déployée et crie avec les autres humains. Elle lâche Ronne et se met à danser sur la place, légère, légère, sans prendre garde à ses chiffons de vêtements qui la couvrent à peine. La femme la rattrape et lui tend un pyjama bleu passé. Annah l'enfile avec reconnaissance après s'être débarrassée de ses haillons crasseux et renversé un baquet d'eau sur la tête, se frottant avec une savonnette jusqu'à ce que sa peau devienne rose vif. Elle est encore mouillée, ses cheveux lui dégoulinent dans le dos. Ils ont pâli avec l'enfermement, ils sont gris très clair, presque blancs. Mais ils tiennent encore. Le tissus colle à ses membres maigres et mouillés. Mais le Soleil aura tôt fait de la sécher... Elle regarde autour d'elle, les embrassades, l'émotion, la joie des retrouvailles. Les gens qui s'aident à se laver, à se rhabiller normalement. Dans la liesse générale, personne ne remarque les robots qui s'enfuient tous vers le même endroit. Elle étreint Hiéronyme, fort, pendant une bonne minute, et se remet à danser au milieu des gens sur le sol mouillé. En fait elle ne danse pas vraiment, elle tourne sur ses pieds nus en agitant les bras sans jamais décoller du sol...


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